Nouveau site web ici Article publié dan l'ADN ici Page linkedin ici
"Le constat est là : l'urgence de la crise écologique, aussi alarmante soit-elle, ne vient pas à bout de nos habitudes de surconsommation. Il y a une raison à cela. Pour modifier nos comportements, il ne suffit pas de savoir où est le problème. Nous devons comprendre le fonctionnement de nos comportements.
Jacques Fradin, docteur en médecine et psychothérapeute, a fait de l'étude du comportement sa spécialité. En matière de médecine comme d’écologie, il est convaincu que le facteur humain est au cœur du basculement de nos modes de vie. Avec un collectif international de scientifiques, il a fondé en 2020 le GIECO (Groupe International d’Experts sur l’Evolution du Comportement) qui rassemble les connaissances qui pourront nous aider à changer.
Les fondateurs du GIEC disent qu’ils n’ont rien apporté, mais qu’ils ont mis à portée. Nous voulons reproduire cela : croiser les disciplines pour mettre les connaissances à la portée de tous. Seule une organisation planétaire peut le faire, parce que la performance scientifique nécessaire est colossale. L’OMS l’a fait sur le sujet de la santé. Le GIEC l’a fait sur le climat. À nous de le reproduire sur le comportement.
Il est vrai que le GIEC s’est déjà intéressé au facteur humain, en créant des groupes de travail avec des acteurs économico-technologues et sociologues. Mais les scientifiques du GIEC ont un regard extérieur de climatologues, et se contentent de décrire le facteur humain tel qu’il est aujourd’hui dans la société.
Au GIECO, nous considérons qu’il faut aller bien plus loin en faisant travailler toutes les disciplines – biologie du comportement, génétique du comportement, éthologie, anthropologie, neurosciences, neurosciences cognitives, neurosciences sociales, psychiatrie, psychologie, pédagogie, béhaviorisme etc. Nous nous intéressons à la genèse profonde des comportements pour identifier des leviers de changement majeurs.
La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, la communauté scientifique l’a compris. Tous les scientifiques sont unanimes sur la direction à prendre – climatologues, épidémiologistes, sociologues, pédagogues… Lorsque nous avons écrit un manifeste en 2019 et l’avons envoyé à des milliers de scientifiques à travers le monde, nous avons eu un taux de retour très élevé : plus de mille scientifiques en quelques mois, sur 76 pays et 60 disciplines comportementales différentes.
Nous préparons deux types de rapport : de gros rapports de 3 000 pages, dont le premier est prévu pour fin 2023, mais aussi des livrables plus courts et opérationnels de 3 à 20 pages, écrits à quatre mains (un scientifique et un acteur de terrain). Un rapport sur le Covid-19 est déjà disponible sur notre site.
C’est pour cela nous devons trouver des financements. Le taux d’ouverture de nos campagnes d’e-mailing auprès des grands patrons est éblouissant. Pratiquement un patron sur deux ouvre les mails de façon récurrente. C’est hallucinant quand on sait que le taux moyen est de 5%. Et plus on monte dans la hiérarchie des entreprises, plus le taux monte. Les TPE sont 20% à ouvrir, les grandes entreprises sont 45%. Et cela augmente. Cette réceptivité nous a permis de constituer un groupe de travail solide avec des acteurs de l’économie".
Jacques Fradin, président du GIECO, le GIEC du comportement.
Rédigé le 06 janvier 2023 dans b- Mon book | Lien permanent | Commentaires (0)
Le « facteur humain » comme contribution humaine à la croissance économique
La notion de facteur humain est apparue dans les années 50, lorsque les économistes ont cherché à mesurer la contribution humaine au développement économique en posant la notion de capital humain. Ainsi Robert Solow introduit un troisième facteur de production de richesse après le facteur travail et le facteur capital : le « résidu » ou « facteur résiduel » déterminé par le progrès technique, les connaissances scientifiques, la capacité créative des hommes…autant d’éléments « exogènes » qui améliorent l’efficacité des facteurs de production.
Ce « facteur résiduel » identifié par Robert Solow que l’on peut aussi nommer » «facteur humain» désigne la part de la croissance économique qui n’est pas expliquée par l’accroissement des facteurs de production que sont le facteur capital et le facteur travail. Il est calculé sous forme de “productivité globale des facteurs” (ou PGF) dans la formule de Cobb-Douglas. Mais le facteur humain sera progressivement réduit a un simple facteur technique alors que les connaissances scientifiques, la capacité créative des hommes s’avèrent plus difficiles à mesurer et pas correctement corrélées aux performances des entreprises ou des pays en matière d’innovation. La mesure des gains de productivité va donc se concentrer sur le progrès technologique permettant l’automatisation du travail via de nouvelles machines ou sur une meilleur organisation du travail au sein des unités.
Pour les autres sciences humaines, l’homme peut être objet de recherches et de mesure, mais l’analyse de ces disciplines porte sur l’analyse de son comportement individuel ou social, et non sur sa fonction de producteur de richesses. En 1965, J. Berque élabore un programme de recherches sur le rôle du facteur humain dans le développement dans lequel le rôle du facteur humain est abordé tour à tour sous ses aspects spécifiques : décolonisation, croissance économique, développement, éducation, expression esthétique, repersonnalisation, et d’une façon globale, sous l’angle de la prise de conscience d’une « humanité en tant que tout ». “Le rôle du facteur humain dans le développement des pays nouvellement indépendants” J. Berque
L’éducation est donc un levier du développement économique en faisant progresser le niveau de compétence des travailleurs et en permettant le progrès social. Si le temps moyen que chaque personne consacre à l’éducation augmente d’un an, le produit économique du pays par habitant devrait augmenter sur le long terme, dans une fourchette comprise entre 4 à 6 % ». Données de l’OCDE
Le « facteur humain » comme comportement des hommes au travail au sein d’une entreprise.
Par la suite, les ergonomes vont mieux adapter les conditions et moyens de travail aux capacités de l’employé alors que “facteur humain” est devenue l’expression par laquelle les spécialistes de la sécurité des personnes et de la sûreté des installations désignent le comportement des hommes au travail.
Les recherches en ergonomie du travail menées aux États-Unis par la Human Factors and Ergonomics Society vont remettre l’accent sur le facteur humain au sein du système Homme × Tâche × Machine × Situation. Priorité au facteur humain Alain Lancry
Le facteur humain est fréquemment invoqué dans l’analyse des catastrophes industrielles, des accidents du travail et dans les procès ou les commissions d’enquête. On lui associe l’idée de faute, Christophe Dejours “Le Facteur humain”.
Cette conception négative de l’intervention humaine repose sur une confiance sans faille dans les sciences humaines objectivement quantifiables avec exactitude comme l’économie et sur une méconnaissance des autres sciences humaines plus explicatives des comportements et mais inefficace à intégrer dans des trajectoires économiques, sociales, climatiques. Même si il est vrai que l’erreur humaine est souvent cause d’accidents (neuf accidents automobiles sur 10 auraient une cause humaine source).
Le facteur humain comme “contribution (négative) de l’humain à un évènement”
Dans ce cadre de pensée, le facteur humain est appréhendé comme “la défaillance coupable liée à l’inconstance de l’être humain”. Comme posé par Thierry PORTAL dans Crises et facteur humain.
Prendre en compte la dimension spécifiquement humaine des phénomènes de crise, c’est poser le facteur humain comme “la contribution de l’humain à un évènement”. L’attention est portée sur la maîtrise de l’événement dont l’occurence est a éviter, en se concentrant sur pourquoi il est si difficile d’engager des efforts efficaces sur le plan de la prévention des risques pour circonscrire leur occurrence.
Par exemple en constatant que le comportement humain (en tant qu’acteur et décideur, chacun à son échelle) constitue aujourd’hui LE facteur limitant d’une transition réussie vers un développement durable, équitable et désirable.
Ainsi, l’Anthropocène se caractérise par l’avènement des humains comme principale force de changement sur Terre. Dans une lettre à Schiller, Alexandre de Humboldt définissait l’objet de sa recherche comme l’étude de « l’habitabilité progressive de la surface du globe », qu’il entendait comme la façon dont les humains avaient peu à peu transformé leurs environnements pour les plier à leurs usages et former des écosystèmes au sein desquels ils étaient devenus des forces décisives. Humain, trop humain ? Philippe Descola
Pourtant, si on en croit les historiens un être humain peut faire basculer l’Histoire, du mauvais côté, lorsqu’il détourne son regard des enjeux majeurs (ce qu’appelle Hubert Reeves, le putain de facteur humain) mais aussi du bon côté, lorsque qu’il reconnaît ce qui est précieux et se confronte aux enjeux humains et terrestres.
William Schutz, auteur de The Human Element, était convaincu que le potentiel humain inexploité peut être à l’origine d’accomplissements potentiels extraordinaires et que la compréhension par chacun du facteur humain est le socle de la réussite partout où les humains travaillent réfléchissent et font progresser des idées communes.
Le facteur humain comme “mécanismes psychologiques du changement de comportement”
Justement en psychologie, le facteur humain concerne “les mécanismes qui existent entre ce qui est perçu par l’humain et les réactions conscientes ou inconscientes qui en découlent”. Or 90 % de notre activité est inconsciente et moins de 300 millisecondes sont nécessaires pour prendre une décision. Tel est le constat que tirent Francesca d’Amicis, Petra Höfer et Freddie Röckenhaus ici Ce qui permet de mieux comprendre les phénomène de déni liés à la difficulté de maintenir son attention dans le temps.
Il nous reste à faire le pari de l’humain, humain et donc imprévisible. Le psychologue Daniel Kahnemann a montré que les humains n’agissaient souvent pas de façon rationnelle et étaient victimes de biais cognitifs. Selon Antonio Damasio, nos actions sont la plupart du temps guidées par nos émotions, nos choix seraient “instinctifs”.
Faire le pari de l’humain à un moment qui demande de fortes capacités d’adaptation. Or l’humain est capable de logique disruptive et d’astuces (la Mètis chère à Ulysse et à Aristote). Pour le dire autrement, à partir du moment où on accepte que la valeur spécifique de l’homme ne se trouve pas dans le respect d’un protocole mais justement dans sa capacité à sortir des sentiers battus que ce soit en brisant les règles et la logique (disruption) ou au contraire en cherchant des raccourcis (Mètis) nous assistons à l’émergence d’une tout autre vision de l’humain et de l’homme au travail. (Dejours, 2018)
D’après Patrick Viveret, il y a une vraie marge de progression pour l’humanité qui est sa propre humanisation. Un champ immense de l’ordre de la conscience s’ouvre devant elle. Une conscience qui n’est pas simplement une conscience mentale, mais aussi une conscience sensible, émotionnelle.
Faire la pédagogie des “mécanismes psychologiques du changement de comportements” #facteurhumain
Humans Matter, le GIECO et Nous Sommes Vivants ont ainsi crée la fresque du facteur humain à la suite de l’université du facteur humain de fin aout 2021 (ici) en publiant un design paper et en proposant de signer le manifeste du facteur humain.
S’il y a bien un domaine où la connaissance est plus particulièrement nécessaire, c’est bien celui de notre propre fonctionnement selon Jacques Fradin du GIECO L’apprentissage collectif, un levier à explorer.
Pour que l’Humain exprime son potentiel, il doit apprendre à se faire confiance, à croire en ses capacités plutôt qu’à se laisser guider par ses automatismes, il doit ainsi apprendre à reconquérir son attention, à clarifier ses intentions et à se reconcentrer sur ce qui compte pour lui et sur ce qui fait sa force : son environnement. En d’autres termes, l’Humain doit devenir un facteur positif pour lui-même et pour ce qui l’entoure. Alexandre Beaussier de Humans Matter.
Pour Jérémy Dumont de Nous sommes vivants, mobiliser les parties prenantes de l’entreprise sur les enjeux du développement durable passe par un changement de relation à soi, aux autres et au vivant. Chez Socrate, la philosophie ne désignait pas l’acquisition d’un savoir, mais une manière de s’interroger, de se mettre en question, une forme de souci de soi dans sa relation aux autres. Revenons au “connais toi toi même” de Socrate.
La fresque du facteur humain #facteurhumain
La fresque du facteur humain apporte un éclairage sur ce qui est en jeu dans l’évolution de nos comportements face aux transitions en cours. En particulier les biais cognitifs ainsi que les émotions. Elle permet de croiser les perceptions et créer une représentation collective des facteurs de changement / non changement de comportement, souvent inconscients, qui agissent sur nous.
2 scientifiques du comportement, Prochaska et Di Clemente ont théorisé une méthode d'accompagnement au changement en 5 étapes inspirée de leur compréhension des comportements addictifs.
1. Pré-contemplation : Le patient ne pense pas avoir de problèmes avec sa consommation. Il n’envisage pas de changer de comportement, dont il ressent essentiellement les bénéfices.
2. Contemplation : À ce stade commence à se manifester l’ambivalence. Le patient envisage un changement de comportement, mais il hésite à renoncer aux bénéfices de la situation actuelle. On parle alors de balance décisionnelle, qui amène à comparer les pour et les contre d’un changement avec ceux de son comportement actuel.
3. Préparation/détermination : À ce stade, le patient se sent prêt à démarrer la phase d’action dans un futur proche ; il détermine des décisions et commence à les mettre en place dans le temps.
4. Action : Le changement est engagé vers des modifications de son style de vie. Les difficultés sont importantes.
5. Maintien : À cette phase de consolidation, il convient de rester prudent car les tentations sont nombreuses de retourner au comportement problématique.
(Rechute) La rechute est possible et fait partie du processus normal de changement.
Assister à une session découverte #noussommesvivants :
- Le 26 Janvier 2023 17h30-20h30 - A DISTANCE
- Le 27 Janvier 2023 17h30-20h30 - A PARIS Maison de la conversation
- Le 1 Mars 2023, 18h -21h - A PARIS (les halles)
Inscriptions : https://lnkd.in/euHZxBNp
En savoir plus et organiser une session ICI
Rédigé le 02 janvier 2023 dans d- Mon actualité | Lien permanent | Commentaires (0)
J'ai eu le plaisir de délivrer cette formation au planning stratégique dans une agence de communication à Bordeaux.
Quel est le métier du planneur stratégique ?
La tête pensante en matière de stratégie de marque Pilier de la stratégie publicitaire d’une marque, le planneur stratégique a pour mission principale de mettre ses yeux et ses oreilles au service d’une veille attentive des tendances, actuelles ou futures, de la société et des marchés. Il met au point et oriente les concepts des futures campagnes publicitaires ou de communication des entreprises. Pour ce faire, il sort, lit et échange beaucoup. Il s’appuie aussi sur de nombreuses études comportementales, analyses d’audience ou benchmarks concurrentiels. Une fois cette tendance analysée, il élabore un concept créatif en exploitant l'imaginaire ambiant (cinéma, design, littérature...). Puis il communique aux équipes créatives (concepteur rédacteur, directeur artistique, graphiste…) ces orientations publicitaires et marketing. Ce « brief » ou cahier des charges intègre aussi rétroplanning et éléments budgétaires. Le planneur stratégique est aussi le créateur de la plateforme de marque : un support qui précise les valeurs, l’environnement et le portrait-robot de la clientèle de l’entreprise cliente et qui vise à positionner la marque en cohérence avec la stratégie produit et les attentes du consommateur.
Au programme de cette formation en 2 jours :
En savoir plus / s'inscrire : https://www.levidepoches.fr/lenombrildejeremydumont/h--mes-formations-en-planning-strat%C3%A9gique/
Rédigé le 31 décembre 2022 dans d- Mes formations aux professionels | Lien permanent | Commentaires (0)
Prochaines sessions du manège des émotions ICI
Face à l'ampleur de la crise écologique et de ses impacts environnementaux et sociaux, il est courant de se sentir dépassé, impuissant et cela peut amplifier un certain mal-être. Les émotions liées à ce mal être peuvent se traduire dans une paralysie et donc incapacité à agir. Ainsi, la santé émotionnelle peut être comprise comme un état de bien-être émotionnel. La santé émotionnelle implique notre capacité à accueillir nos émotions…et d'agir en accord avec celles ci.
Le rôle des émotions dans l'éco anxiété
Vagues de chaleur, multiplication des feux de forêt, disparition de la faune sauvage, risques de pénuries alimentaires, sécheresses loin de nous laisser indifférents, ces phénomènes peuvent se manifester en émotions et se traduire en éco-anxiété avec des impacts négatifs sur notre santé mentale.
La thérapeute Charline Schmerber différencie 3 typologies de personnes souffrant d’anxiété environnementale (source) :
Les personnes éco anxieuses inscrivent leur comportement dans une mécanique de compensation face à ce qu’ils perçoivent comme un défaut d’engagement collectif. Ce qui les mène à porter une attention extrême à leur impact environnemental ainsi qu’au développement d’un puissant sentiment de culpabilité. Certains établissent une hiérarchie des comportements vertueux à adopter au quotidien et mettent en place une stratégie pour y parvenir. Joanna Macy, créatrice du travail qui relie et auteur de l’espérance en mouvement nous incite à prendre du recul, prendre le temps de nous reconnecter à la nature, à notre corps, à notre ressenti. Pour aller de l'avant. A accueillir nos émotions face aux drames planétaires. Mieux les vivre pour s’engager dans le chemin de l'écologie avec plus de sérénité. Son chemin.
Les éco-émotions c'est ce qu’on peut ressentir face aux problèmes écologiques qu'ils soient environnementaux et/ou sociétaux. Dans l'étude The Lancet, plus de 50 % des jeunes du monde entier ont déclaré ressentir de la peur, de la tristesse, de l’anxiété, de la colère, un sentiment d’impuissance, et de la culpabilité face aux enjeux écologiques. “Climate anxiety in children and young people and their beliefs about government responses to climate change: a global survey”.
Maria Bright et Chris Eames ont analysé en 2022 les grèves climatiques de 2019 dans cette étude "De la colère à l'action : Impacts différentiels de l'éco-anxiété, de l'éco-dépression et de l'éco-colère sur l'action climatique et le bien-être" Les résultats ? Dans le contexte des éco-émotions et du changement climatique, l'éco-dépression inhibe l'action climatique, l'éco-anxiété motive l'évitement actif et l'éco-colère incite à l'action climatique. Au sujet de la colère, Ernst Fehr et Simon Gachter ont montré qu'une émotion comme la colère peut avoir des répercussions sur la coordination de l’action collective, en suscitant des comportements punitifs afin d'exercer un contrôle social du comportement (source)
Les jeunes générations tendent plutôt à porter en elles un sentiment de colère face aux effets du changement climatique là où leurs aînés les plus concernés ressentent plus souvent une forme de honte. Dans son livre consacré à l’éco-anxiété, la médecin en santé publique Alice Desbiolles souligne que l’élément déclencheur de ces sentiments « est principalement une information ou une actualité sur le changement climatique [...]. L’anxiété est source de mobilisation et de créativité avec une oscillation entre phases de dépression et de nouveaux départs. Un épuisement écologique ou de résignation voire de tristesse apparaît potentiellement lorsque les individus se sentent « otages du climat », prisonniers d’un mouvement sur lequel les effets de la mobilisation individuelle paraissent limités face à l’action des responsables politiques et des entreprises. Tristesse aussi de constater que les choses ou les valeurs auxquelles nous tenons sont menacées de disparition.
La prise de conscience écologique fait aussi naître des émotions agréables. Dans un article paru le 14 janvier 2022 dans Frontiers in climate, Panu Pikhala explique que la motivation, le besoin d'agir et la détermination sont liés à l'envie des personnes de faire quelque chose d'utile. Le plaisir, la joie et la fierté apparaissent quand les personnes adoptent un comportement « pro-environnement » comme entamer une transition écologique à la maison. Le fait de faire quelque chose de concret permet aussi de se sentir à nouveau optimiste et plein d'espoir dans un monde en pleine mutation. La crise climatique peut aussi faire émerger un sentiment d'amour et de compassion pour les endroits du monde et les populations les plus touchées. Ainsi l’écologie, en vrai, c’est pas toujours triste comme dirait Laure NOUALHAT, Journaliste et Auteure de Comment rester écolo sans devenir dépressif (De l’éco-anxiété à la joie: les émotions de l’écologie).
En savoir plus sur les 5 étapes du changement de comportement et la fresque du facteur humain ICI
Quels liens entre émotions et passage à l'action ?
Les analyses les plus récentes de ce que l'on appelle couramment “émotions” (peur, colère, honte, fierté, haine, amour, pitié, indignation, joie, tristesse, etc.) montrent qu'on ne peut les réduire à de pures sensations, à de simples réactions ou à des pulsions. Sachant qu'il y a 3 états émotionnels selon Michel Claeys. (source)
Quand nous avons l'intention de faire quelque chose, quel est le processus qui se cache derrière cette action à venir? Quelle combinaison d'émotions, de sentiments et de pensées rend cela possible ?
Dans « l’erreur de Descartes », A. Damasio donne son point de vue sur la façon dont les émotions se manifestent dans les inter-relations étroites qu’entretiennent le corps et le cerveau. En s’appuyant sur l’étude de cas de « Phinéas Gage » il développe l’idée selon laquelle le cerveau a pour caractéristique de permettre d’anticiper l’avenir et de former des plans d’action, ceci en s’appuyant sur l’orchestration fine de l’émotion (source).
Une prise de décision est, en effet, neurologiquement parlant, très rapide, bien moins d’une seconde, lorsqu’il s’agit de réagir face à un danger immédiat, l’émotion est, alors, prédominante. Lorsque la décision s’établit comme un processus cognitif avec le temps pour la réflexion, dont la conséquence est un choix entre diverses alternatives, l’émotion, sans prévaloir, intervient.
Or, selon Lazarus, l’émotion dépend d’une combinaison, motivation-intérêt-environnement, induisant l’individualisation de la décision. Chacun possède, en effet, ses propres intérêts, des valeurs personnelles, induisant, notamment dans le cadre de l’organisation, une démultiplication des décisions et choix individuels, qui en complexifie la gestion efficace et aboutie. (L'émotion et la prise de décision Delphine van Hoorebeke)
Comment faire alors pour que cette mise en mouvement via les émotions se déroule au mieux ? Faut il juste lâcher prise et se laisser porter ? Ou doit on parfois coordonner ses émotions en fonction de la situation, du moment ?
Coordonner ses actions en fonction de ses émotions demande de savoir identifier et nommer ses émotions. Mais l’alexithymie toucherait 15 % de la population mondiale. Elle se caractérise par l’incapacité à décrypter et différencier les émotions ressenties, voire une absence de ces dernières. (source)
Chercher à refouler ses émotions négatives est un réflexe humain. Une stratégie de "survie" liée a son vécu mais aussi sa culture et ses croyances. Qui parmi nous n’a jamais tenté d’effacer des souvenirs douloureux, d’éviter certaines situations qui nous mettent mal à l’aise, de tenter de se raisonner par rapport à une anxiété dont on ne connaît pas réellement l’origine ? En 2017, une équipe de chercheurs de l'Université de Toronto et de Californie a réalisé une série d'études sur le sujet. Sur un groupe de 1000 personnes, à travers l'acceptation des sentiments négatifs, les professionnels rapportent un meilleur niveau de bien-être et de satisfaction globale au quotidien ainsi que la présence de moins de symptômes dépressifs chez les individus acceptant leurs émotions néfastes. Toutes fois, cette stratégie se révèle contre productive si le refoulement devient un automatisme.
Rien n'est perdu. Un individu ayant une bonne conscience émotionnelle peut distinguer plus d’une quinzaine d’émotions différentes (source) dont il peut comprendre les messages visant à adapter son comportement. Un peu d'espoir quand on sait que l’étude Follow your Gut a montré que les personnes qui disposent d’une intelligence émotionnelle faible, peu réceptives à leurs ressentis, prenaient souvent des décisions inadaptées.
L'intelligence émotionnelle consisterait donc à écouter, reconnaître, et comprendre ses propres émotions et à composer avec les émotions des autres.... ce qui amène à ressentir pleinement ses émotions et à accepter celles des autres. Les émotions fonctionnent comme autant de signaux qui nous informent sur un besoin d'adaptation et d'action dans un contexte donné. Comprendre le besoin caché derrière une émotion permet de prendre conscience de ce qui se joue vraiment pour nous et de le partager avec l’autre (ou pas). D'ailleurs c'est un des principes proposés par la Communication Non Violente qui consiste à nommer le besoin nourri ou non nourri dans une situation donnée pour faciliter les relations.
Se mettre en mouvement à partir de ses émotions pour augmenter son pouvoir d'action ?
En effet, le mot émotion contient celui de « motion » qui en anglais peut se traduire par « mouvement ». Keltner & Gross donnent une définition relativement large des émotions qui doivent selon eux être considérées « comme des patrons biologiquement fondés de perception, d’expérience, de physiologie, d’action et de communication, caractérisées par leur aspect épisodique, de courte durée, et qui se produisent en réponse à des défis et opportunités physiques et sociaux spécifiques.
Le concept de pouvoir d’action s’enracine dans les travaux nord-américains sur l’empowerment des personnes et des collectivités (Zimmerman, Bernstein, Wallerstein, Braithwaite et coll.). On peut définir l’empowerment comme la capacité des personnes et des communautés à exercer un contrôle sur la définition et la nature des changements qui les concernent (Rappaport). Ainsi, la capacité d’agir n’est pas une capacité en général, mais une capacité à faire quelque chose, à faire advenir quelque chose.
Justement, ceux qui souffrent d'éco anxiété disent ne pas arriver à se projeter dans le temps ou à se construire un avenir. D'autres sombrent dans l'éco anxiété parce qu'ils considèrent que leur impact individuel est limité. Il s'agirait d'une autre forme d'éco anxiété, un état dépressif nommé solastalgie qui regroupe les sentiments tels que l’impuissance, la tristesse ou la culpabilité. Leur détresse psychologique est associée à un sentiment d’impuissance. Baptiste Morizot applique le concept de solastalgie au sentiment d’impuissance face aux changements climatiques dans son article « Ce mal du pays sans exil. Les affects du mauvais temps qui vient ».
Mise au jour par Martin Seligman dans les années 1960, l’impuissance acquise (ou impuissance apprise) provient du découragement que peut susciter la répétition de situations désagréables dont nos efforts ne permettent pas de sortir, de sorte que l’on finit par ne plus rien tenter pour faire changer les choses. L’impuissance acquise est un processus de résignation qui se produit lorsqu’un être humain (ou un animal), est sujet de manière répétée à un stimulus perçu comme négatif, auquel il ne peut échapper. (source)
Albert Ellis (1913-2007), psychologue américain, a développé sa célèbre thérapie émotivo-rationnelle. L’une des bases de sa thérapie consiste à amener chaque personne à comprendre sa propre philosophie personnelle et notamment ses croyances qui sont souvent sources de difficultés ou de souffrances émotionnelles. L’idée est de modifier les croyances, notamment celles provoquant des émotions générant des comportements négatifs ou inadaptés.
Suite à une multitude de recherches, Albert Ellis constata que tous ou la plupart d’entre nous développons des pensées irrationnelles qui nous font voir la réalité d’une manière extrêmement négative. Il est parvenu à trouver plus de 200 types de pensées qui favorisaient cette vision négative, laquelle conduisit à des troubles de l’anxiété ou de la dépression. Nous pouvons actuellement regrouper ces formes de pensées irrationnelles en 4 types (source) :
Ces types de pensées sont considérés comme irrationnels parce qu’elles sont fausses, illogiques, extrêmes ou trop exigeantes. Ellis soutient qu’elles proviennent des croyances absolutistes de “devoirs” ou de “volontés” qui abondent dans notre dialogue interne. Pour sortir de la solastalgie il s'agirait donc d'identifier les pensées/croyances irrationnelles (se référant à sa capacité d'agir) et de les déconstruire (si celles ci ne sont pas fondées).
Aaron Beck est un psychiatre américain qui en est venu à s’intéresser à la perception des individus dépressifs. Il note que ces derniers ont une vision négative d'eux-mêmes, du monde et de l'avenir. Selon lui les distorsions cognitives contribuent à la triade de pensées négatives entrainant les individus dépressifs dans une spirale dépressive. Il s'agit de pensées négatives, résultant de biais cognitifs et manquant d'objectivité, qui ont tendance à être présentes dans la dépression et qui concernent l'évaluation de soi-même, de l'environnement et de l'avenir. C’est pourquoi l’approche cognitive qu'il a développé a comme objectif premier d’amener la personne à poser un regard différent sur elle-même et sur le monde qui l’entoure (Analyse de Louis Chaloult de la thérapie cognitive et comportementale de Beck). Sa grande limite est donc une approche cognitive qui donne la suprématie aux pensées sur les émotions dans la sortie d'une situation de stress qui dure dans le temps.
Retenons que selon la "triade de Beck" nos comportements (nos actions, nos conduites), nos pensées (nos croyances, nos représentations) et nos émotions (nos sentiments, nos affects) sont en interaction permanente. Pour sortir d’un stress, il s'agit de modifier l’un des éléments (émotion, pensée ou comportement) de la situation. De faire ce pas de coté pour observer le monde autrement. Une nouvelle piste à explorer pour développer son intelligence émotionnelle.
En effet, la mise en cohérence de ses pensées et de ses actes est un levier d’action dans le monde futur ouvert par la conscientisation des impacts du réchauffement. Ce besoin de « cohérence » nous incite à mettre en conformité nos convictions avec notre mode de vie et notre comportement quotidien. La connaissance du phénomène et des enjeux amène à s’interroger sur son impact et à établir une hiérarchie des comportements vertueux. Les changements de comportement tiennent parfois aux actes les plus simples, comme l’achat en circuit court ou une stricte attention au tri des déchets. Une modification de notre quotidien qui peut réorientant notre alimentation comme notre lieu de résidence et notre carrière. Ce nouveau quotidien, ce nouveau mode de vie se traduit dans des émotions agréables ou désagréables. Au fil des expériences l'objectif étant de trouver son bonheur dans un cadre contraint.
Découvrir le manège des émotions
Comment développer son intelligence émotionnelle ? Quelles émotions pour quelles réactions ? Quelles conséquences pour moi et les autres ? Comment mettre en cohérence mes émotions, pensées et actions ? C'est toute la promesse de cet atelier en 3h à expérimenter !
L'intelligence émotionnelle consiste à reconnaître ses émotions mais aussi comprendre les signaux que nous communiquent nos émotions pour pouvoir se mettre en mouvement en pleine conscience des phénomènes qui nous influencent et mieux communiquer au sein du collectif pour se mettre en mouvement ensemble.
Le manège des émotions c'est un atelier de 3h - 10 participants qui permet de partager individuellement son expérience et de bénéficier des retours d'expérience collectifs. En clôture, chacun est invité à poser ses émotions, pensées et actions et à les mettre en cohérence (ou pas). C'est un atelier thématique, l'éco anxiété est un thème parmi l'infinité des thèmes possibles. Les participants choisissent le thème.
Cet atelier permet de prendre conscience de son fonctionnement émotionnel dans une situation personnelle et/ou professionnelle. Voilà des thématiques telles que énoncées par des participants.
Les participants appliquent leur intelligence émotionnelle à plusieurs domaines comme par exemple
Les étapes de l'atelier:
PS : Autre article à lire La biophilie pour lutter contre l'éco anxiété, via l'émerveillement, la gratitude et la joie que la nature procure.
En savoir plus sur le manège des émotions ICI
S'inscrire aux prochaines sessions de test https://www.helloasso.com/associations/nous-sommes-vivants/evenements/sessions-de-decouverte
Rédigé le 28 novembre 2022 dans b- Mon book | Lien permanent | Commentaires (0)
Orelsan l'odeur de l'essence : https://youtu.be/zFknl7OAV0c
La contrainte, seul mode de l'évolution humaine?
Nous ne pouvons que constater notre inertie individuelle et collective devant la situation environnementale actuelle. Inaction du gouvernement. Inaction collective. Le GIEC parle de « retombées cataclysmiques », et pourtant chacun continue de vivre comme si de rien n'était. Dans un “Triangle de l'inaction”, véritable situation de blocage collectif où chacun pointe du doigt les responsabilités des autres.... personne ne fait les efforts nécessaire pour changer de comportements, pour changer de système !
Bien sûr les comportements des Français ont déjà sensiblement évolué mais le premier geste reste la pratique du recyclage menée par moins d'un Français sur deux (étude IPSOS pour l’université du facteur humain / nous sommes vivants). Bien sûr, institutions et entreprises doivent accompagner les changement et proposer des alternatives. Et n'oublions pas que les s eco gestes ne contribuent qu'a hauteur de 25% aux efforts climat d'après l'étude Carbone4. En réalité, le combat ne pourra être gagné que s’il est mené sur tous les fronts. Et l'entraide et la collaboration apparaissent comme des comportements à favoriser alors que la compétition reste la norme. Pourquoi vouloir « être à l’avant dans un avion qui va droit vers le crash » comme le suggère Orelsan dans sa dernière chanson « L’odeur de l’essence » ?
Mais quel est le point de vue des scientifiques du comportement ?
Il existe aujourd’hui plusieurs définitions du comportement. Parmi celles-ci, N. Sillamy (1993) indique que le comportement humain correspond aux « réactions d’un individu, considéré dans un milieu et dans une unité de temps donnée à une excitation ou un ensemble de stimulation ». K. Lewin (1936), quant à lui, définissait le comportement de façon encore plus générale avec : C = f (P,E). Le comportement C dépend ainsi à la fois de la personne P et de son environnement E, et non pas uniquement de l’un ou de l’autre de ces paramètres. Cette formalisation permet de prendre en compte l’environnement au sens large du terme (environnement physique, social, spatial, temporel) et les caractéristiques des individus (résistance physique, culture, expérience) comme paramètres conditionnant les réactions des populations humaines.
Lors d’une catastrophe, les réactions humaines ont pour finalité de faire face à une situation exceptionnelle par des comportements différents de ceux du quotidien. Lorsqu’un danger est annoncé (ex. ouragans) mais que la distance temporelle entre sa manifestation et son annonce est importante, les réactions humaines sont davantage réfléchies qu’instinctives. Les comportements instinctifs : ils sont traités par la zone reptilienne du cerveau qui gère les Etats d’Urgence de l’Instinct (Laborit, 1994). Ils regroupent les comportements de fuite instinctive et de panique, de sidération, de lutte instinctive mais aussi les comportements d’automate (Vermeiren, 2007). Les comportements acquis et intelligents : ils sont gérés par le cortex préfrontal (George et Gamond, 2011) afin d’adapter, de façon réfléchie et non plus instinctive, les réactions à la perturbation. (source)
Figure 3 : Le cycle des réactions comportementales au regard des phases du risque et de la catastrophe
Qu’est-ce qui fait qu’on ne change pas dans les comportements au quotidien ?
Au quotidien, ce qui tend à freiner notre action, ce sont nos automatismes. Ces derniers ne demandent pas d’effort, n’exigent pas de réflexion de notre part, nous permettant ainsi de nous concentrer sur d’autres choses. Ils ont donc du bon et sont d’ailleurs indispensables, car si nous étions sans cesse en position de mise à distance de nos habitudes déjà contractées ou de chaque décision que nous prenons, cela entraînerait des temps de réaction augmentés, mais aussi une dépense énergétique forte, et de la fatigue mentale. C’est pourquoi nos manières d’être sont majoritairement ancrées dans des automatismes, des schémas spontanés.
Ainsi, se détacher de ses automatismes identifiés comme délétères au profit de nouveaux comportements demande un réel effort, car la simple volonté de l’individu ne suffit pas pour changer. Or, l’effort n’est pas une manière d’être spontanée : il est plus confortable de l’éviter afin d’économiser de l’énergie corporelle et cérébrale. Et c’est en effet l’une des caractéristiques de notre cerveau que de chercher à dépenser le moins d’énergie possible, en évaluant constamment le coût d’une action en fonction de la récompense, du bénéfice escomptés. Et si le bénéfice est jugé trop faible et la récompense trop lointaine, peu de chance que le cerveau s’engage dans le changement.
Comment expliquer que la nécessité écologique n’agisse pas sur nous comme une contrainte ?
Avons-nous peur de ne pas être à la hauteur des transformations à venir ? L’inertie serait-elle le résultat d’une résignation acquise, c’est-à-dire du sentiment de n’avoir aucun pouvoir sur une situation ? (Lire l’article « L’impuissance acquise, envers de la motivation » de Stéphanie de Chalvron) La nécessité de changer pourrait être empêchée par cette impuissance acquise qui annihile toute motivation, et donc toute action.
Deci et Ryan (1985) considéreront les situations, dites d’amotivation, dans lesquelles l’individu n’établit aucune relation entre ses comportements et les résultats qu’il obtient. Il suppose, alors, que ses comportements résultent de facteurs indépendants de sa volonté. L’individu n’est pas motivé et se trouve dans un état de résignation. Blais, Briere, Lachance, Riddle et Vallerand (1993) distinguent deux formes d’amotivation (amotivation interne et externe). La motivation intrinsèque est plus plus puissante que la motivation extrinsèque (contraintes légales, incitations économiques). Elle entre en jeu lorsqu’une activité est réalisée pour le plaisir et la satisfaction qu’elle procure (ici)
La prise de décision serait alors influencée par nos biais cognitifs, et notamment par le biais du statu quo selon lequel nous avons tendance à nous réfugier dans l’état que nous connaissons plutôt que nous aventurer vers un état inconnu. Ce biais comportemental nous incite à résister au changement et à refuser la nouveauté. Dès lors, malgré la conscience des enjeux écologiques, nous pouvons considérer les actions à mener comme étant à la fois incertaines et comme présentant plus de risques que d’avantages, dans la mesure où il nous faut encore les expérimenter. Or, le biais du statu quo nous conduit à privilégier la connaissance déjà acquise sur l'expérience non encore réalisée.
Aussi, comment réussir à nous défaire de nos biais cognitifs pour réconcilier la prise de décision et le passage à l’action ? Si la seule décision consciente ne suffit pas à influencer durablement nos comportements, la contrainte ne peut non plus apparaître comme un moyen de passer à l’action. Car elle ne permet pas aux individus de se sentir acteurs du changement, ce qui ne peut par la suite transformer durablement les comportements. La décision doit donc être accompagnée, soutenue par une approche réflexive plus profonde, que permet la cognition.
Rédigé le 28 novembre 2022 dans d- Mon actualité | Lien permanent | Commentaires (0)
Pas besoin d’être un docteur en anthropologie ou un grand penseur de plateau télé pour constater la déprimante évidence : les avancées culturelles des promesses de la Transition écologique patinent comme un skieur de décembre sur de l’or blanc de canon à neige. Pour susciter la motivation intrinsèque de chaque citoyen, l’écologie ne devrait donc plus apparaître comme contraignante. Fini la théorie du grand renoncement – de l’avion, de quelques degrés de chauffage en plus, des sapins coupés de leurs forêts ? Ce n’est pas si simple. Ce qui l’est par contre, c’est de comprendre que pouvoir s’incarner dans un nouveau mode de vie désirable adopté avec plaisir peut être une réponse pour la grande bascule collective. On en parle avec Jérémy Dumont, créateur de la Fresque des Imaginaires.
« L’imagination est la possibilité de regarder les choses comme si elles pouvaient être autres». Il y a déjà plus d’un siècle, le psychologue et philosophe étasunien John Dewey avait tout compris au Nouveau Récit. En 2023, le collectif #NousSommesVivants s’approprie la pensée pragmatiste pour une promesse désirable : s’extraire de sa contrainte pour rêver et explorer de nouveaux modes de vie à explorer constitue une étape, le temps d’un moment individuel et collectif.
Comment en trois heures questionner nos rapports au vivant afin d’imaginer collectivement d’autre façons d’être au monde et l’habiter ? Comment en trois heures arriver à se projeter dans des modes de vie responsables et désirables en s’inspirant de 4 visions de la relation homme-nature ? La réponse est simple : en participant à une nouvelle Fresque, encore en phase de test, celle des Imaginaires.
Entretien découverte avec Jérémy Dumont, planneur stratégique et fondateur de Nous Sommes Vivants, un collectif de professionnels de l’innovation et de la transformation engagés dans la transition écologique.
Goodd : vous avez créé une fresque de l’imaginaire mais est-elle adaptée aux enjeux d’aujourd’hui ?
Jérémy Dumont : la crise écologique est une crise de liens au Vivant qui nécessite de (re)interroger le « Grand Partage » – soit la séparation Nature-Culture – qui a commencé en Europe à la Renaissance avec l’émergence de l’individualité. Comment nous situer dans le monde, dans un contexte dont nous faisons partie, mais au centre duquel nous ne sommes pas nécessairement situés ? Et où découvrons-nous la multiplicité des réseaux d’interdépendance qui lient humains et non-humains ?
L’ambition de la Fresque des Imaginaires est de sortir de cette crise en faisant émerger des imaginaires écologiques positifs, responsables et désirables. Et de façonner en petits groupes une autre vision du futur à partir d’autres façons d’être au monde, qui existent déjà dans la réalité ou ne sont encore que le fruit de notre imagination.
Les 4 « visions de la relation homme-nature » qui s’illustrent dans la fresque des imaginaires sont ceux de la psychosociologue Nicole Huybens, qui a travaillé sur les courants majeurs de l’éthique environnementale : les humains comme individus exploitant la nature pour les anthropocentristes ; la vie et l’ensemble des espèces menacées par les humains pour les bio-centristes ; la communauté biotique dont les humains font partie pour les éco-centristes; et les êtres vivants comme individus en interaction dans un lieu donné pour le multi-centrisme.
Les participants sont invités à réfléchir à ce qui est vraiment important pour eux, à s’ouvrir aux humains et non humains ; et finalement à prendre conscience que nous sommes tous des êtres vivants sur une même terre.
Goodd : en quoi selon vous est-ce vital de mettre l’installation et la diffusion d’un nouvel imaginaire au cœur de la Transition écologique ?
Jérémy Dumont : la crise de la biodiversité et le changement climatique posent clairement la question de l’habitabilité de cette planète dans un futur proche. Selon Philippe Descola, pour apprendre de nouvelles façons d’habiter la Terre, il nous faut un apprentissage, une prise de conscience des interactions multiples entre chacun d’entre nous et le reste du monde. Il faut réfléchir à ce que doivent être les nouvelles humanités, qui ne soient pas centrées sur les humains mais essayent de faire droit à d’autres représentations de la diversité humaine.
Mais la détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux passés, actuels ou attendus ne nous met pas collectivement en mouvement pour améliorer les conditions des vies des générations futures ; et encore moins d’améliorer l’habitabilité de la terre pour tous les êtres vivants.
Depuis la fin du XXème siècle ce n’est plus l’imaginaire de la modernité et du progrès qui lui est associé qui est dominant en occident et plus particulièrement en France. C’est plutôt le récit de la crise de la modernité : l’horizon du « progrès » laisse place à un présent submergé par les « dégâts du progrès ». L’humanité n’a plus en face d’elle une « nature » dont il faudrait s’émanciper par la connaissance afin de la domestiquer au service de la croissance et de l’abondance : elle a en face d’elle les conséquences négatives de son propre développement qui met en péril toute forme de vie sur terre.
Or la transition écologique, si nous voulons la mener collectivement, suppose de donner véritablement envie à chacun d’adopter volontairement de nouvelles façons d’être au monde. De vivre et d’habiter sur terre. D’adhérer à de nouvelles valeurs ou des valeurs plus profondément ancrées en nous pour réorienter les comportements. Elle nécessite une transformation culturelle portée par des récits et des imaginaires positifs qui agissent sur les représentations mentales de nous-mêmes ; et les représentations collectives inconscientes de ce qui fait société.
Goodd : n’est-ce pas finalement un peu flippant de se dire que se projeter sur 2030 se fait avec de l’imagination et pas avec une visualisation claire ?
Jérémy Dumont : pour les lecteurs de l’anthropologue Philippe Descola et du philosophe Bruno Latour, c’est désormais un acquis : nous sommes sortis du grand partage entre l’homme et le monde. La nature n’est plus un décor, un réservoir de richesses, une aire de repos ou un terrain de jeu.
Pour Descola, il faut combattre l’humanisme au sens de l’anthropocentrisme, c’est à dire la domination des humains sur la nature. Comprendre que la nature n’existe pas comme concept séparé de l’humanité. Déconstruire le principe du cogito ergo sum de Descartes, selon lequel seul l’humain est sujet car doté de rationalité et de sensibilité, et la nature un objet.
Et s’il s’agissait de refaire société entre nous, les vivants ? Pour bien vivre tous ensemble sur terre, humains et non-humains. Baptiste Morizot, philosophe et naturaliste dit que « nous sommes des vivants parmi les vivants », que nous devons apprendre à cohabiter avec les autres espèces, comprendre le fonctionnement des écosystèmes, s’en inspirer et en respecter l’équilibre.
Si nous sommes d’accord avec ce nouveau contrat social alors il existe un imaginaire qui se dessine de façon claire : la régénération.
C’est une approche intégrative dans laquelle les humains font partie de la nature. Elle est basée sur une vision multicentrique des relations homme – nature dans laquelle chaque être vivant est pensé comme une entité agissante au sein d’un écosystème. Dans cette approche, les humains peuvent être des auxiliaires de la biodiversité. On parle de régénération assistée par les humains. Et de services écosystémiques de la nature pour les humains et les autres êtres vivants. Le tout de façon participative avec les habitants d’un lieu, entre les espèces, en symbiose.
C’est l’écologie de la planète imaginaire Pandora dans Avatar. Le film montre des espèces qui vivent en communion les unes avec les autres, des cavaliers humanoïdes nouent un lien éternel et organique avec leur monture, les arbres parlent aux vivants et même aux morts. La diversité des formes de vie est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux depuis Descartes.
Benjamin Adler
© Visuel : Alice Alinari
Nous Sommes Vivants développe une fresque des imaginaires qui questionne nos rapports au vivant afin d'imaginer collectivement d'autre façons d'être au monde et l'habiter.
La fresque des imaginaires permet de se projeter dans des modes de vie responsables et désirables en s'inspirant de 4 « visions de la relation homme-nature ». Elle est thématique, par exemple : habiter sur terre en 2030.
Prochaines sessions de test
Ca se passe ICI
Rédigé le 01 novembre 2022 dans c- Mes rapports d'innovation | Lien permanent | Commentaires (0)
Pour être populaire l'écologie doit faire sa révolution culturelle en retrouvant ses fondamentaux. Le vivant est sur toutes les lèvres. Une note de réflexion de Jérémy Dumont.
La prise de conscience de la prédation sur la nature et au sein de nos sociétés ayant eu lieu, le temps de la mobilisation collective est venu (lire ma note de réflexion sur les rapports de prédation). Selon de nombreux scientifiques, il s'agit de maintenir le système Terre dans un état habitable pour tous les êtres vivants. Ce qui appelle " l’association nouvelle entre des êtres surprenants qui viennent briser la certitude confortable d’appartenir au même monde commun" comme disait Bruno Latour qui expliquait que la société n’existe pas, elle n'est qu'une somme d'individus qui ne tient pas en raison d’une superstructure. Inspirons nous de son constant pour nous réunir « rien ne se réduit à rien, rien ne se déduit de rien d’autre, tout peut s’allier à tout ».
Mais comment motiver les institutions, entreprises et particuliers à intégrer l'écologie de façon volontaire dans leurs pratiques ? Pas juste faire adopter des changements d'habitudes à la marge souvent par la contrainte et donc vite oubliés une fois la crise passée.
Si les instruments du changement de comportement sont nombreux, dans les politiques publiques, ils relèvent pour la plupart de la carotte ou du bâton. Ainsi les incitations économiques, normes et réglementations reposent sur une vision des individus comme des êtres rationnels : les gens s’engageraient dans un comportement pro-environnemental pour des raisons intéressées (parce que c’est agréable ou que cela leur fait économiser de l’argent) ou pour des raisons normatives (parce que les autres le font).
Pour les scientifiques du comportement, il est clair que la motivation intrinsèque (liée à une satisfaction personnelle qu’on peut trouver à réaliser une activité) est la plus puissante à faire basculer durablement les comportements, par opposition à une motivation plus extrinsèque (liée à la satisfaction que l’on peut avoir à obtenir une récompense provenant de l’extérieur ou aux conséquences de cette récompense pour l’image de soi et les objectifs personnels).
Pour susciter la motivation intrinsèque l'écologie ne doit donc plus apparaitre comme contraignante, une doctrine exigeant par responsabilité de renoncer aux avions, à quelques degrés de chauffage et aux sapins coupés de leurs forêts. Au contraire s'incarner dans un nouveau mode de vie, désirable que l'on adopte avec plaisir. Les « modérés verts » représentent 19 % de la population, ils sont particulièrement sensibles aux propositions relatives aux modes de consommation et à des modes de vie fondés sur la proximité, mais aussi à l’idée qu’une partie importante des décisions politiques soient prises à l’échelle locale avec la participation des citoyens. Encore loin derrière les « modernes » 29 % des Français sont en faveur de l’utopie techno-libérale qui repose pour beaucoup sur leur foi dans la science et la technologie qui va permettre le progrès et plus généralement sur la croissance économique et le pouvoir d’achat, fussent-t-ils inégalitaires d'après cette étude Obsoco. Il s'agit aussi d'oublier la décroissance qui ne sera jamais un projet collectif librement choisi et poser la quête d'une nouvelle prospérité sans croissance, c'est a dire pilotée avec d'autres indicateurs marquant les progrès en terme de qualité de vie, en intégrant la santé des écosytèmes permettant la vie. Les « décroissants radicaux » ne représentent que 4 % de la population.
Pour susciter la motivation extrinsèque, il s'agit de lever les freins de désirabilité sociale associés aux représentations que les gens ont d’un consommateur responsable. Cette étude a permis d’identifier plusieurs figures archétypales négatives du consommateur responsable. Il serait, au choix, intégriste, ermite, rabat-joie ou encore snob. L’analyse de ces différents archétypes négatifs du consommateur responsable fait émerger autant de freins à l’adoption de comportements de consommation responsable. Respectivement, nous identifions ainsi un frein d’intégration en lien avec la peur des conflits induite par une posture perçue comme trop intégriste, « jusqu’au-boutiste » ; un frein de désirabilité avec cette autre forme de marginalité associée à l’ermite et au refus de la modernité ; un frein d’hédonisme, si l’on suit le rabat-joie, incapable de tout plaisir spontané, et rationalisant toute décision de consommation. Enfin, au consommateur responsable « bobo » est associé un frein d’identification et le rejet d’une posture élitiste et condescendante. (ici)
La transition écologique, si nous voulons la mener collectivement, suppose donc de donner véritablement envie à chacun d'adopter volontairement de nouvelles façons d'être au monde, de vivre et d'habiter sur terre et l'adhésion à de nouvelles valeurs ou des valeurs plus profondément ancrées en nous pour réorienter les comportements. Elle nécessite une transformation culturelle portée par des récits et des imaginaires qui agissent sur nos représentions mentales de nous même et les représentations collectives inconscientes pour réussir à mobiliser au delà des écologistes actuellement disposés à contribuer.
Parmi les acteurs qui éclairent et influencent les imaginaires sociaux figurent le monde culturel et artistique, les marques, les médias et les influenceurs. Ils sont les plus à même de pouvoir infuser à court terme des visions revitalisantes. Mais les acteurs culturels sont parfois mal informés sur les enjeux, relayent souvent des archétypes sur l'écologie comme étant peu désirable et nous projettent systématiquement dans des futurs dystopiques. Ce qui est d'autant plus problématique que les récits écologiques sont actuellement minoritaires au sein de la production artistique globale.
J'ai pour ma part envie de voir advenir une écologie populaire qui s'infiltre dans toutes les disciplines artistiques, de la littérature à la danse. Une pensée écologiste portée sur scène par des artistes et non plus uniquement par des politiques. Une écologie qui n'est plus synonyme de lutte des classes (et des sexes) et qui nous rassemble. Une écologie qui ne vise pas un appauvrissement de nos vies mais qui préserve les conditions de vie. Pas contre la juste rémunération des producteurs mais qui porte surtout son attention sur une alimentation non seulement accessible mais saine. Une écologie qui pose la questions des arbitrages nécessaires du mieux vivre tous ensemble. Une écologie du champ à l'assiette, mais surtout dans l'assiette. Une écologie qu'on affiche avec fierté parce qu'on reprend le contrôle de son environnement pour mieux maitriser sa vie.
Une écologie du bien vivre qui parle de pouvoir d'achat et de pouvoir de vivre mais aussi de comment cuisiner. Une écologie qu'on mange, boit, porte, chante et partage tous ensemble. Dans un texte, baptisé « Le vivant ou les cendres », les cadres, élus et adhérents d’Europe Écologie-Les Verts appellent à une refondation du parti en faveur du bien vivre (Marinne Tondelier). Une écologie qui n'est plus réservé à des élites, qui arrive à conquérir tous les quartiers dont les quartiers populaires, qui dépasse ses tensions entre pouvoir d'achat et pouvoir de vivre, parce que les modes de vie qu'elle propose sont populaires. Comme dit Aurélien Taché "Expliquons aux gens qui font de l’économie circulaire, qui font attention à ce qu’ils mangent, recyclent leurs déchets qu’ils font de l’écologie"
Rédigé le 15 octobre 2022 dans c- Mes rapports d'innovation | Lien permanent | Commentaires (0)
Etre écolo c’est renoncer à l'avion, au neuf, à la viande, ...
Les français ne veulent pas renoncer au plaisir dans la consommation...
Pour réussir à convaincre plus de consommateurs il convient d'explorer de nouveaux imaginaires de consommation responsables et désirables.
Les imaginaires de consommation responsables et désirables
Réunions toutes les semaines. 1h
Contact [email protected]
A LIRE : LE DOCUMENT DE CADRAGE
Avec la synthèse de l'étude IPSOS / NOUS SOMMES VIVANTS
Rédigé le 31 mars 2022 dans c- Mes rapports d'innovation, e- Les rencontres | Lien permanent | Commentaires (0)
Ci dessous, une note de réflexion sous forme de synthèse qui croise les regards. Elle vise a décoder les causes profondes, les facteurs humains latents, les impacts de la crise en cours en Ukraine.
Les grandes bifurcations historiques croisent des mouvements tectoniques, considérations immédiates et… le facteur humain.
Beaucoup d’analystes essaient d’expliquer la guerre en Ukraine par des considérations géostratégiques et historiques qui sont évidemment importantes mais il est indispensable aussi de se pencher sur la personnalité de Vladimir Vladimirovitch Poutine. Quelle peut être la vie et les ressorts d’un tel homme ? Au-delà de la rationalité ou de la folie, que peut produire un tel pouvoir concentré qui tient par la terreur qu’il inspire, par l’étouffement de toute contradiction autour de lui ? ici.
"L’acceptation de ce facteur humain est une constante de la vie en société réussie mais il ne faut pas perdre de vue que cela existe aussi au plus haut niveau de responsabilité, que les dirigeants les plus puissants n’en sont pas moins hommes. Et c’est une qualité de la démocratie. Par l'exercice des contre pouvoirs, par la conscience que son avenir dépend plus du collectif que d’un individu, par la force du droit et le principe que l’Etat n’est pas une machine aux mains d’un seul elle aide à prévenir les dérives". Duflot Cécile
Adam Galinsky, de l’université Columbia, a tenté de mesurer les effets psychologiques du pouvoir. Exemple de résultat : si on vous demande de vous dessiner un "E" sur le front, et si vous vous sentez "puissant", vous le dessinerez à l’envers – comme vous le voyez, et non comme le voient les autres. Le pouvoir rend littéralement incapable de se mettre à la place d’autrui. De son côté, Dacher Keltner (Berkeley) a montré que les puissants manquent d’empathie. Mais l’étude la plus inquiétante est celle publiée dans Brain par un ancien ministre britannique et un psychiatre. Elle suggère de définir une nouvelle maladie : le "syndrome d’hubris", associé au pouvoir "détenu pendant plusieurs années avec peu de limites". Parmi ses 14 symptômes : la perte de contact avec la réalité, le mépris manifeste envers autrui, les discours messianiques et enflammés, la prise de risques inconsidérés, et l’incompétence dans la gestion des détails. ici
Rédigé le 31 mars 2022 dans c- Mes rapports d'innovation | Lien permanent | Commentaires (0)